Échos des Vendanges : “l’Année Jalouse”
“C’est ce qu’on appelle une année jalouse” En deux mots, Jérôme Corsin résume une saison que l’on ne saurait expliquer en une ligne. Ici les récoltes sont pleines et dans le village voisin, elles sont maigres. Les aléas climatiques ont touché différemment les vignes et les vignerons, mais les pratiques agronomiques et les départs en vendanges étaient, eux aussi, décisifs.
“Les vents du sud”
“Ici au domaine de la Milleranche, les pluies du 15 août ont débloqué les maturités mais les vents du sud avant vendanges (2-3 jours avant) nous ont enlevé quelques hectos sur les parcelles en coteaux bien exposées. Cela m’a rappelé 2003, avec des raisins flétris en coteaux. La vigne qui d’habitude termine ses maturités en septembre aux alentours de 25°C a eu du mal cette année à les terminer durant un mois d’août chaud (aux alentours de 30°c). “
“Qualitativement, les raisins sont top, nous avons de belles maturités, de jolies couleurs. Du coup, nous intervenons très peu, les macérations se font tranquillement, ces années là, nous laissons la nature faire. Nous n’avons vendangé que les matins. Les vins titrent entre 14 et 15 degrés. D’où l’intérêt d’un assemblage avec certaines de nos parcelles plus froides, exposées au nord. Pour nous, c’est une année presque pleine.” Jérôme Corsin (Beaujolais)
“Pas de quantités hélas”
Et à 50 kilomètres de là ….”Chez moi cette année, il y aura très très peu de vin. Par contre la qualité est magnifique. Les jeunes vignes ont énormément souffert de la sécheresse, les terres étaient à dominante argileuse.” Olivier Coquard (Beaujolais)
“Départ en vendanges stratégique”
“Chez nous, les vendanges ont commencé le 25 août pour se terminer le 7 septembre. Nous avons presque fait le plein il doit manque 10 ou 15% à première vue. La qualité est magnifique, les blancs ne sont pas trop hauts en degrés (autour de 12.5-13% vol) naturels cette année. Il a fallu faire le bon choix stratégiquement pour choisir la date des vendanges tout particulièrement.” Certaines parcelles ont cependant été grêlées au printemps et ne feront pas de vin, comme les Mâcon “Les Mulots”. Nous avons souffert de l’orage du 21 juin : celui qui a soulevé les toits à Charolles !”
“Côté vendangeurs, nous avons fait le plein, nous le devons à notre réseau. Quand nous avons contacté Pôle Emploi, ils nous ont répondu qu’il n’y avait pas de chômeurs à Mâcon…(LOL) Donc nous nous sommes tournés vers notre propre réseau, avons envoyé des mails et SMS aux vendangeurs des années précédentes. Résultat, 40 vendangeurs en moins de 15 jours ! Aujourd’hui, c’est comme tout, il faut être souple . Et là, on a du monde ! ” Christine Luquet (Mâconnais)
“Des degrés élevés”
“Nous avons eu de beaux raisins en quantité et en qualité, nous ne sommes pas au rendement mais nous avons rempli les cuves !
Nous avons commencé par les rouges et terminé par les sauvignons. Certaines parcelles ont gelé et nous avons peiné sur la quantité. Grosso modo en Saint Bris et Chablis nous avons fait du vin, pas sur le reste. Nous avons gelé un peu début avril. L’été a été un peu sec, avec deux épisodes de pluie début juillet et à la mi août, cela a suffi, nous avons eu des degrés très élevés (11.5-12°C), un bel équilibre naturel.” Caroline Lavallée (Saint-Bris-Le-Vineux)
“Une année parfaite quand on est en Bio”
“Pour quelqu’un qui fait du bio, c’est une année parfaite. Notre domaine est en conversion en bio, nous avons rogné très tard ce qui nous a évité les phénomènes de grillure, nous avons traité 3 fois moins que l’année dernière (année froide et humide).”
“Ca a été une très belle saison : de bonnes températures, peu d’humidité, nous n’avons pas gelé , les travaux du sol ont été beaucoup plus simples, l’eau est tombée au bon moment, les rendements sont bons mais pas excessifs, ce qui a aidé au maintien de la qualité générale.”
“Nous avons vendangé sur une quinzaine de jours, en commençant par nos Pinots Noirs (destinés aux cuvées de Bourgogne), puis nos Pouilly-Fuissé (des rendements plus petits), nos Mâcon Villages (plein sud, rendements plus élevés) et enfin nos Aligotés (exposés plein nord).” Côme Bernard Delavernette (Mâconnais)