Le jour d’après (diaporama)
Ce matin, les vignerons bourguignons ont tout perdu, ou presque.
Rares sont les pieds de vignes en blanc qui ont été épargnés par trois nuits consécutives de gelées sur la côte des Blancs (Meursault, Puligny, Chassagne, Santenay, Saint-Aubin, la colline des Cortons) et les rouges sont également très impactés. Selon nos informations (et des informations qui remontent des vignerons avec qui nous collaborons), la Côte de Nuits, le Chablisien, le Mâconnais, le Beaujolais, le Rhône, la Loire sont sinistrés.
C’est un épisode historique. De mémoire de vigneron, l’état des vignes n’a jamais été si catastrophique depuis 1956, un demi-siècle en arrière. Vendangera-t-on en 2021 ? On croise les doigts.
Les vignerons rentrent noirs de leurs vignes, ils ont allumé des bougies durant trois nuits (voir notre article ici), ou tenté d’autres méthodes (voir notre article ici), mais rien ou presque n’a fonctionné. Alors, ils ont l’oeil morne, épuisés par la lutte. Dehors, ce matin, l’odeur de la fumée sent le lendemain de guerre, un halo très dense flotte au dessus des villages de Chassagne-Montrachet, Puligny-Montrachet, Meursault. Une énorme gueule de bois pour les viticulteurs…
Mais aussi pour toutes les régions qui vivent de l’or blanc ou rouge, second poste français à l’export et moteur économique pour bien des bassins d’emplois. A quoi ressemblera demain ? On ne le sait pas, d’autres gelées sont encore attendues. Un mois et demi à tenir avant les Saints de Glace de la mi-mai. Date à laquelle on ne redoute plus les gelées sur la végétation.
Voilà à quoi ressemble ce jour d’après. Mais déjà les questions fusent : “Ces ouvertures de bourgeons trop précoces … Et si elles se systématisaient années après années à cause du réchauffement climatique ? Car après tout les vagues de froid sont normales, c’est le débourrage qui est bien trop précoce (voir notre article ici).”
Et les débuts de réponse sont avancés : lutte mutualisée ? taille tardive ? protections du vignoble innovantes ? Nouvelles variétés de ceps tardifs ? Et bien d’autres. Preuve que la nouvelle génération vigneronne n’a pas les deux pieds dans le même sabot et est prête à faire preuve d’imagination pour trouver une issue favorable à ce chamboulement qui s’installe désormais dans la vie de leur domaine.
A nouvelle génération, nouvelles solutions ? Nous l’espérons de tout coeur et partageons cet élan, pour trouver tous ensemble des voies de sorties.
Nous remercions infiniment tous les vigneron(ne)s qui nous ont donné et nous donnent encore de leurs nouvelles, leur analyse de la situation et nous confient ce qu’ils ont sur le coeur.
C’est dans un moment comme celui-là que nous réalisons encore plus la fragilité de nos activités. Ce qui fait la beauté et la richesse de notre travail reste naturellement sensible. Notre usine n’est pas duplicable, réparable, transférable et c’est tant mieux. Nous sommes tous solidaires et trouverons cette année encore les ressources pour nous adapter. Partons déjà du principe que la nature est plus généreuse que capricieuse.
Anima Vinum (naturellement solidaire)