Hospices de Beaune : Dans l’ombre des Grands Crus

Hospices de Beaune : Dans l’ombre des Grands Crus

Anima Vinum est le premier acheteur artisanal de la vente de Charité des Hospices de Beaune et propose aux particuliers un système accessible de co-achat (en savoir plus ici), une véritable expérience de la Bourgogne traditionnelle et contemporaine autour des Grands Vins de Bourgogne. L’Escargot Vigneron suit la production et la vinification de très près pour mieux conseiller les cuvées de l’année à ne surtout pas manquer.

Suivez-nous épisode après épisode.

Les Hospices de Beaune sont une institution vraiment particulière. Vieilles de cinq cent ans, elle était dédiées à l’origine au soin des pauvres. C’est aujourd’hui un immense domaine viticole couplé à un hôpital (n’en déplaise à la loi Evin) qui s’autofinance dans la petite ville de Beaune grâce à la vente annuelle des vins. Une enchère menée par Christie’s depuis 2005 et désormais Sotheby’s depuis le millésime 2020.

 Vincent Paindavoine est un jeune vigneron quadragénaire, il ne possède pas de vignes en propre et pourtant il a la très haute responsabilité de 2,5 hectares de Grands Crus. Plusieurs appellations parmi lesquelles les Echezeaux, les Mazis-Chambertin et le fameux « Clos de la Roche ». Vous savez, celui qui bat des records année après année à la fameuse vente aux enchères des Hospices de Beaune. Le vin le plus cher de l’institution, en somme, devant les Batard-Montrachet et autres Corton Grand Cru !

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 « 100 000 €/ pièce »

Peu de vignerons peuvent se targuer de cultiver les vignes d’un tel domaine. Le Clos de la Roche est par exemple un Grand Cru vendu aux enchères autour de 100 000 € par pièce de vin (par fût, soit 228 litres). Un véritable plaisir, « un honneur, même », appuie-t-il, puisque les terroirs les plus prestigieux sont aussi renommés pour produire de bons fruits un peu plus aisément et être à l’origine de très grands vins… Avant lui, sur ces terres, Stéphane Murat, et précédemment, un certain Alain Jeanniard (estampillé Anima Vinum).

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Moi, vigneron embauché par un hôpital

Vincent Paindavoine, vigneron au demeurant, a repris les parcelles de la Côte de Nuits, suite à un entretien d’embauche avec les différents responsables… de l’Hôpital. Il est donc le salarié d’un établissement de santé (ne dit-on pas qu’un verre de vin par jour est salutaire ?) et cela se voit sur l’en-tête de sa fiche de paie ! « Ma femme est psychologue… Nous avons le même employeur », remarque-t-il, amusé.

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Un pari risqué

Et en effet, le cas est rare d’un hôpital qui prend le risque de gérer directement ses possessions. Un pari pluriséculaire parfois risqué qui n’a pas toujours été – du temps des ravages du phylloxéra, notamment – aussi lucratif qu’aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, les bénéfices permettent aujourd’hui à l’institution d’être pérenne dans un contexte autrement plus difficile pour les autres hôpitaux publics.

Chaque jour, Vincent Paindavoine travaille donc pour obtenir les raisins les plus beaux et les plus goûteux, en liaison étroite avec le cahier des charges des Hospices décidé par le régisseur : « Il nous offre un regard extérieur bienvenu, cela nous permet de prendre un peu de hauteur sur notre travail ». Le régisseur apporte également ses compétences techniques, coordonne et forme au besoin les vignerons.

Sous la coupe du régisseur

Aujourd’hui, Ludivine Griveau (actuel régisseur du domaine des Hospices) continue sur le chemin tracé par Roland Masse du passage en bio des vignes. Un peu plus tôt, André Porcheret avait entamé un tournant décisif en signant l’arrêt des désherbants.  Chacun des 23 vignerons des Hospices est donc bien encadré – le régisseur décide par exemple de la date des vendanges après un relevé de maturité, des traitements à mettre en œuvre, du travail du sol – mais seul aux vignes (excepté pour les vendanges pour lesquelles le vigneron recrute lui-même ses saisonniers).

Un challenge lorsqu’arrive la fin du printemps, « au moment de la pousse de la vigne », précise Vincent Paindavoine. Un moment clé où il faut savoir travailler suffisamment vite et minutieusement pour éviter les maladies. La direction du domaine préfère éviter les produits chimiques : « Nous sommes un Hôpital, nous devons être un exemple sanitaire », confirme le vigneron.

Dans l’ombre des vignes

Obtenir un raisin parfaitement en forme, voilà la tâche délicate et fondamentale de chaque vigneron des Hospices de Beaune. Il donne ses retours au régisseur qui ensuite assumera les décisions techniques et culturales à prendre sur le domaine. Leur rôle est donc discret au demeurant : « Notre partie, ce sont les vignes. » Pas la vente aux enchères. Cependant, les vignerons des Hospices sont présents pour représenter leurs vins lors de la fameuse vente, le vendredi lors de la grande dégustation qui a lieu dans les caves des Hospices. Et puis le samedi, pour ouvrir les caves historiques de l’Hôtel Dieu, ici, on goûte – c’est un privilège réservé aux 200 premiers arrivés – les vins qui seront vendus le dimanche.