Le millésime 2018
828 pièces de vins seront mises en vente soit 41 pièces de plus qu’en 2017.
… Et Ludivine Griveau qui nous fait un joli compliment !
C’est une régisseuse des Hospices de Beaune sereine qui nous a reçus en cette matinée du 25 septembre 2018 : du haut de ses 14 vinifications (dont 4 aux Hospices) elle sait reconnaître un millésime bien né lorsqu’elle en croise un ! Souriante, Ludivine Griveau se prête de bonne grâce à notre interrogatoire pour le plus grand bonheur d’Emile, l’escargot Vigneron !
Ce n’était pourtant pas gagné d’avance… Après 2 années de gel de printemps (rappelez-vous de ce printemps 2016 qui fut meurtrier pour notre vignoble bourguignon) tout le monde redoutait un dernier et tardif assaut de l’hiver. A Meursault, des bottes de paille avaient été disposées au bord des vignes à titre préventif.
Point de gel mais un hiver et un printemps très humides avec des cumuls de précipitations supérieurs de 60% vs année normale. La pluviométrie de cette fin d’hiver et du printemps 2018 fera date. Elle sera d’ailleurs un des 2 marqueurs météorologiques de ce millésime, avec la canicule/sécheresse de l’été.
Quantité – Dès début Juillet, Ludivine Griveau nous avait confié que son objectif était de contenir les rendements : elle avait très vite remarqué que le potentiel volume du millésime était tout à fait « déraisonnable ». Point de vendanges en vert, mais un ébourgeonnage sévère. La récolte est dans la lignée de 2017 avec quelques différences tout de même : plus de blancs et moins de rouges, pour parler simplement.
Qualité sanitaire – Elle est exceptionnelle ! Le taux de tri n’a d’ailleurs pas été quantifié précisément tant il a été insignifiant. A noter que les baies, fragilisées par cet été caniculaire, étaient beaucoup plus difficiles à conserver intactes jusque dans les cuves.
L’acidité totale est relativement faible, (effet canicule) avec cependant une bonne présence d’acide tartrique, qui si il est bien stabilisé, garantira une bonne fraîcheur des vins (et c’est là qu’il faudra opter pour un très bon éleveur…… )
L’équation Mildiou … fléau du millésime 2018
Qui dit pluviométrie généreuse, dit maladies fongiques. 2018 est pour le mildiou, un cas d’école.
Alors que le domaine des Hospices est mené en viticulture biologique, la « pression Mildiou » fut cette année exceptionnelle (nos amis du sud de la Vallée du Rhône, du Languedoc peuvent en attester…. Certains ont carrément tout perdu).
Il fallut donc « traiter » avec les « produits Bio » et passer souvent, ceux-ci n’ayant qu’une durée d’efficacité très limitée lorsque les averses se succèdent, pour cause de lessivage (ce sont des produits de contact et non systémiques comme le sont les produits pesticides « chimiques »).
Dès fin juin, retour du temps sec et à partir juillet, arrivée d’une canicule qui s’installe durablement. (2ème aléa climatique majeur du millésime 2018.)
Au final, des vendanges précoces (27 août pour la cuvée de Pouilly Fuissé puis Volnay, etc…)
Seuls quelques secteurs déficitaires en pluviométrie ont nécessité d’attendre un peu pour peaufiner les maturités phénoliques (Pernand Vergelesses, St Romain, etc.).
La Dégustation – Lors de notre venue, les vins rouges n’étaient que partiellement décuvés et les vins blancs sont tous en pleine fermentation alcoolique.
Nous laisserons ces derniers de côté pour une prochaine dégustation et nous concentrerons sur les rouges, pour lesquels nous vous livrons ci-dessous une impression d’ensemble.
Les Rouges 2018 aux Hospices de Beaune – Les vins présentent des robes très profondes, il semble que les extractions de couleur n’aient posé aucun problème. Les nez présentent des notes de fruits rouges et noirs bien mûrs. Légèrement compotés pour certaines cuvées mais pas de notes « recuites » telles qu’en 2003, autre année de canicule. Les nez conservent une sensation fraîche, particulièrement sur les cuvées ayant fait l’objet d’une fermentation sans soufre.
Même si les degrés alcooliques sont tous proches de 13,5 / 13,8%, pas de sensation alcooleuse au nez.
L’attaque en bouche est assez explosive : beaucoup de fruits mûrs et un support alcoolique intégré mais présent… pas de doute, nous sommes en présence d’un millésime solaire ! Les acidités sont plutôt satisfaisantes : nous étions inquiets sur ce point et nous voici rassurés. Les bouches sont pleines, amples et joliment structurées autour d’une trame tanique au grain incroyablement serré et velouté. Ludivine Griveau nous a extrait des tanins, d’une qualité exceptionnelle !
Vous en entendrez parler …
Tout comme l’année dernière, toutes les cuvées sont bien nées et il n’y a plus aux Hospices, de cuvées « bof-bof ». Ce qui ne nous empêchera pas de faire notre sélection des meilleures, en vue de la vente.
En conclusion – Les rouges 2018 aux Hospices de Beaune sont plus concentrés que la moyenne du millésime (ça c’est la conséquence des petits rendements), très colorés, ils possèdent un fruité bien mûr et un grain de tanins de compétition ! Vins plus puissants et très faciles à boire en raison d’une acidité plus faible. Probable horizon de garde 4 à 8 ans pour les Villages et 1ers crus.
Je vous annonce un 4ème coup de maître de Ludivine Griveau et des vins dont le niveau de qualité est très élevé. (gros écart de qualité avec la moyenne du millésime).
Pour de grands vins de millésime 2018, il conviendra de se positionner à l’achat sur les vins des Hospices de Beaune.