Hospices de Beaune – millésime 2021. Chapitre 1 : la météo
Autant crever l’abcès d’entrée de jeu : il y aura du vin cette année mais … il n’y en aura pas pour tout le monde !
Ce millésime est LE PLUS RARE que nous ayons connu depuis 46 ans ! En tout, 349 pièces de 228 litres et 5 “feuillettes” (ou demi-pièces de 114 litres) seront mises à la vente le 21 novembre prochain. Contre 800 pièces de vin en année pleine.
Gel = 1 – Chardonnay = 0
Les 6, 7 et 8 avril 2021, un front froid venu du nord, recouvre toute l’Europe occidentale. (Voir ici notre diaporama : Gelées noires – Nuits blanches) Rien de très anormal pour un vigneron bourguignon que de gratter le pare-brise à cette époque de l’année.
Le « hic » c’est que l’hiver à été de courte durée et plutôt doux. Le soleil de mars a fait s’affoler les thermomètres ( les 25°C ont été franchis plusieurs jours durant). Les secteurs en coteaux, plus secs, moins argileux, se sont réchauffés rapidement. Résultat, le Chardonnay – toujours prompt à débourrer – ne s’est pas fait prier.
Ce sont donc de jolis bourgeons fraîchement éclos qui furent les premières victimes de ces trois nuits de gel. Malgré une lutte acharnée au moyen de bougies posées entre les rangs, le 8 avril au matin marquait la fin des espoirs de récolte de nombreux vignerons, du nord au sud de la Bourgogne. (Lire ici notre article : Le Jour d’Après) La floraison par temps frais et humide ne donne jamais de résultats formidables : les fleurs rescapées du gel n’ont pas totalement et complétement fructifié (une plante ayant subit un fort stress, comme le gel, ne fructifie jamais pleinement.) Le Pinot Noir, plus tardif, fut moins impacté, surtout sur la Côte-de-Nuits qui fût globalement épargnée par les dégâts du gel.
Puis l’été fût extrêmement pluvieux et frais : conditions idéales pour les maladies bien connues : le Mildiou et l’Oïdium. Alors là encore, de mémoire de vigneron, la « pression mildiou » en 2021 n’a pas d’équivalent ! (Lire ici notre article : De l’eau et des glaçons, le redoutable cocktail 2021) La Côte-de-Nuits où le moral était bon en raison d’une excellente charge de raisins (n’ayant pas gelé), a enregistré chez certain, des pertes très sévères. C’est l’histoire du vigneron de la Côte-de-Nuits qui achetait des cuves supplémentaires pour y loger une récolte généreuse en juillet et les revendait à la mi-août…. Un mildiou plus que musclé était passé par-là entre-temps !
Dans ce contexte très stressant, Ludivine Griveau, la régisseuse du domaine des Hospices de Beaune a gardé le cap du « Bio » et s’est appuyée sur une qualité de pulvérisation acquise progressivement et intelligemment ces quatre dernières années.
Des vendanges de septembre … à l’ancienne
Le millésime 2021 sera plus tardif, en comparaison des trois derniers, d’environ trois semaines !
Aux Hospices, les vendanges 100% manuelles, ont débuté aux environs du 12 septembre sur les secteurs de Pouilly Fuissé et de Volnay. Nous retrouvons là des dates de vendanges tout à fait normales pour la Bourgogne… de nos parents ! (Voir ici les photos)
La maturation très lente des baies, en raison d’un soleil peu ardent, est une bonne garantie de la préservation de la fraîcheur aromatique et de l’acidité qui sont autant de marqueurs pour les grands vins de Bourgogne.
La qualité du tri est un impératif du millésime : trois tables de tri avec une dizaine de trieurs pour chacune d’elles (bien plus que d’habitude), ont été mobilisées sur le quai de la cuverie.
A la cuverie des Hospices de Beaune, les raisins sont triés et mis en cuves…
(Images Anima Vinum – archives)